Préparer sa retraite : les grandes étapes tout au long de la vie professionnelle

Quand faut-il commencer à préparer sa retraite ? Il n'existe aucune règle stricte en la matière, sinon de bon sens. La planification sera fonction de nombreux paramètres, notamment d'ordre privé ou professionnel. Compte tenu de l'enjeu financier, qui consiste à tenter de conserver le niveau de vie acquis durant la période active, la sagesse recommande bien évidemment de prendre des dispositions le plus tôt possible ou du moins d'épargner à cette fin dès que cela est possible. Dans cette optique, le droit à l'information individuelle sur la retraite s'est amélioré pour l'ensemble des actifs au cours des années 2000. L'information délivrée dès l'entrée dans la vie active, puis tout au long de la carrière professionnelle, permet à chaque assuré d'avoir une meilleure vue sur ce que sera le niveau de ses revenus au moment de la retraite et, le cas échéant, d'élaborer une stratégie d'épargne individuelle pour compléter ses revenus. La retraite se prépare un peu toute sa vie, beaucoup à partir de 55 ans, même si cela peut sembler déjà un peu tard, et avec une attention davantage soutenue durant les mois qui précèdent l'arrêt de l'activité professionnelle.

Préparer sa retraite selon quelles motivations ?

La planification de la retraite est fonction de nombreux paramètres d'ordre privé, professionnel, conjoncturel voire fiscaux. Précisions que ces paramètres ont vocation à évoluer tout au long du cycle de vie.

Paramètres d'ordre privé

Tout individu est libre de commencer à préparer sa retraite quand il le souhaite. En pratique, il s’y emploiera de façon progressive, par étapes successives, tout au long de son cycle de vie active. De nombreux paramètres entrent inévitablement en compte :

  • situation familiale : existence ou non d’un conjoint (actif ou inactif), d’enfants, etc.,
  • disponibilités et contraintes financières aux différents âges de la vie, en tenant compte que ce paramètre est étroitement lié à la profession exercée,
  • espérance d’héritage, et, inversement, objectifs ou non de transmission du patrimoine,
  • comportement de consommation, d’endettement et d’épargne,
  • volonté de changer, à terme, de lieu de domicile, etc.

Remarque

Régulièrement, selon diverses études sur la retraite, il ressort que l’achat d’un bien immobilier constitue le moyen préféré des Français pour commencer à préparer leur retraite. Par ailleurs, le fait d’être ou non propriétaire de sa résidence principale à un âge donné (35 ou 50 ans, par exemple) influe sur le choix de l’épargne au même âge, compte tenu du capital à mobiliser.

Paramètres d'ordre professionnel

L’exercice d’une profession donnée joue aussi un rôle très significatif en matière de planification, compte tenu notamment du niveau des revenus qui en sont tirés, et, par voie de conséquence, des disponibilités financières qui en découlent.

Or, en la matière, d’importantes disparités existent entre les diverses catégories socioprofessionnelles. Une différence existe déjà par principe entre salariés et indépendants. En effet, c'est souvent avant le départ à la retraite, au moment de la vente ultime de leur principal actif professionnel (clientèle, fonds de commerce ou terres) que les professions libérales, commerçants, artisans et exploitants agricoles récupéreront ce qui leur permettra de se constituer un complément de revenus durant la retraite.

Autres paramètres

De façon plus générale, l’évolution de la législation, tant sur le plan social que sur le plan fiscal, entre également en compte. Par exemple, les lois successives sur les retraites au cours des années 2000 et 2010 ont considérablement changé les principaux paramètres de fonctionnement des régimes obligatoires de retraite (recul de l'âge légal de départ à la retraite, allongement de la durée de cotisation, etc.). Par ailleurs, la question dans le débat public du développement de l'épargne retraite facultative va souvent de pair avec les possibilités plus ou moins importantes de déduire de son revenu imposable les primes versées.

Savoir évaluer ses "besoins retraite" futurs

Si le futur retraité est quasiment assuré de percevoir une pension inférieure à son revenu professionnel actuel, il ne doit pas perdre de vue non plus qu'il ne supportera plus tout à fait les mêmes charges. Une fois l’âge de la retraite atteint, l’économie sur ce plan peut s'avérer importante.

Au regard des charges futures, les points suivants sont couramment admis :

  • l’impôt sur le revenu va diminuer,
  • à l'inverse, l'impôt sur la fortune est susceptible d'apparaître ou d'augmenter pour un ancien actif indépendant puisque l’exonération dont il bénéficiait au titre des biens professionnels prend fin une fois la retraite liquidée,
  • les emprunts seront normalement soldés ou en voie de l’être (par exemple, l'emprunt souscrit pour l’acquisition de la résidence principale),
  • en cas de divorce passé, il est vraisemblable que le règlement des pensions alimentaires versées au titre des enfants cessera tôt ou tard,
  • de même, les dépenses d’éducation prendront fin, une fois les enfants devenus autonomes financièrement,
  • les frais liés à l'activité professionnelle disparaîtront ou diminueront (frais de déplacement, frais vestimentaires, frais de repas, entretien et usure du véhicule principal, etc.).

Des choix de vie peuvent également influer sur le budget du retraité, notamment le lieu de résidence (par exemple, différence du coût de la vie entre Paris et la province).

Si le futur retraité estime ne pas pouvoir conserver son train de vie actuel, il lui revient de voir quel placement parmi ceux qu’il détient ou ceux qui peuvent être souscrits peut être alloué à son objectif retraite afin de régler en tout ou partie le déséquilibre annoncé. Toutes les questions relatives aux compléments de retraite peuvent bien évidemment être examinées avec l'aide d'un conseiller patrimonial.

Un droit à l'information dès l'entrée dans la vie active

Règle de départ : l'assuré doit conserver, dès son entrée dans la vie active et jusqu'au départ à la retraite, tous les documents utiles à la reconstitution de sa carrière. La recommandation vaut d'autant si l'assuré a une carrière multiple (fonctionnaire + salarié du privé, par exemple, ou encore salarié + indépendant). En principe, le parcours complet sera connu de la caisse de retraite ou des caisses en charge de la liquidation des droits. Tout complément d'information ou modification apporté par l'assuré devra néanmoins être justifié.

Doivent ainsi être conservés :

  • les bulletins de salaire,
  • les contrats et les certificats de travail,
  • les attestations de l'assurance-chômage et de l'assurance maladie-maternité,
  • le livret militaire (pour les personnes concernées),
  • les relevés annuels de points de retraite (qui ne sont plus régulièrement envoyés sous forme papier aujourd'hui).

Le droit à l'information sur la retraite est orchestré par un groupement mis en place par les pouvoirs publics, le groupement d'intérêt public Union Retraite (ou GIP Union Retraite). Il s'agit d'une structure de coordination composée de l'ensemble des organismes assurant la gestion des régimes de retraite légalement obligatoires. La mission principale du GIP est de mettre en œuvre les échanges de données entre les organismes afin d'établir les modèles de documents envoyés aux assurés : le relevé de situation individuelle et l'estimation indicative globale.

Point de rendez-vous

Que se passe-t-il ?

Début d'activité + 2 trimestres

Un document d'information générale est adressé aux jeunes entrant dans la vie active à partir du moment où ils ont validé pour la première fois au moins deux trimestres dans l'année. Il est destiné à leur faire connaître :

  • le principe de solidarité intergénérationnelle et le fonctionnement général du système de retraite par répartition,
  • les règles d'acquisition de droits à pension,
  •  le mode de calcul des pensions,
  • et les modalités de prise en compte des activités professionnelles accomplies dans l'Union européenne et ou dans un État tiers.

Il précise également les conséquences potentielles, en matière de retraite, des principaux choix ou aléas de carrière (temps partiel, chômage, maladie).

Au terme de la 1re année d'activité
 et les années suivantes

Au fur et à mesure que les années passent, les trimestres d'assurance sont validés et, dans les régimes par points, les droits acquis s'accumulent. L'ensemble est détaillé dans un  relevé de situation individuelle (RSI) qui récapitule la carrière de l'assuré telle qu'elle est connue des régimes de retraite auxquels il a cotisé.

Ce document est censé fournir les éléments suivants :

  • la liste des régimes dans lesquels l'intéressé a acquis des droits à retraite, avec mention des dates de début et de fin de passage dans chaque régime,
  •  les éléments de rémunération à prendre en compte pour le calcul de la retraite,
  • la durée d'assurance ou le nombre de points acquis (selon les régimes concernés),
  • et les informations relatives à des périodes ou à des événements non rattachés à une année donnée et qui peuvent influer sur l'âge de départ à la retraite ou le montant de la retraite (par exemple, les enfants ou encore la période de service militaire).

Le RSI peut être délivré à la demande de l'assuré soit par courrier au plus tous les ans, soit par voie électronique. L'assuré peut faire corriger ou compléter son relevé en portant à la connaissance de la caisse de retraite toutes les informations nécessaires.

En outre, l'assuré peut désormais suivre son relevé sur le site Internet du régime de retraite dont il dépend.

35 ans

À partir de 35 ans, puis ensuite tous les 5 ans, l'assuré reçoit automatiquement son relevé de situation individuelle quel que soit son régime d'affiliation. Celui-ci est normalement accompagné d'une brochure expliquant le système de retraite en France et d'un courrier qui rappelle le droit à l'information, expose le contenu du relevé, tout en précisant les limites, et indique les interlocuteurs que peut contacter l'assuré.

Le relevé est normalement établi par l'organisme en charge de la gestion du régime dont le bénéficiaire a relevé en dernier lieu, à partir de l'année précédant celle au cours de laquelle il est établi. Dans le cas d'une affiliation multiple au cours d'une année, il revient au GIP Union Retraite de déterminer l'organisme chargé d'établir et d'envoyer le RSI.

Même si le résultat n'est pas significatif à cet âge-là, l'assuré qui le souhaite peut déjà obtenir une première estimation de sa retraite. Divers simulateurs sont accessibles sur Internet, dont le simulateur officiel du GIP Union Retraite : M@rel .

40 ans

Nouvel envoi d'un relevé de situation individuelle.

45 ans

Nouvel envoi d'un relevé de situation individuelle.

L'assuré âgé d'au moins 45 ans peut demander un entretien personnalisé qui a pour objet :

  • de faire un point d'étape sur les droits déjà constitués dans les régimes de retraite obligatoires et d'examiner les perspectives d’évolution de ces droits, compte tenu des choix et des aléas de carrière éventuels (périodes d'études ou de formation, arrêt maladie, maternité, chômage, temps partiel...),
  • et de présenter les dispositifs permettant d’améliorer le montant futur de sa pension de retraite (surcote, rachat de trimestres, retraite progressive, cumul emploi-retraite...).

L'entretien doit être réalisé dans les 6 mois suivant la demande et il peut avoir lieu par téléphone ou tout autre moyen électronique.

En complément de l'entretien, une simulation du montant potentiel de la pension de retraite est effectuée, en prenant l'hypothèse d'une liquidation des droits à l'âge légal de départ à la retraite et à l'âge de départ sans décote, ou à d'autres moments selon d'autres hypothèses fournies par l'assuré. Ces simulations sont purement indicatives. Elles sont réalisées à législation constante et sur la base d'hypothèses économiques et d'évolution salariale fixées chaque année par le GIP Union Retraite.

Enfin, il convient de noter qu'un entretien peut également être demandé en amont de tout projet d'expatriation. Il vise à informer l'assuré sur les règles d'acquisition de droits à pension, l'incidence sur ces derniers de l'exercice de son activité à l'étranger et sur les dispositifs lui permettant d'améliorer le montant futur de sa pension de retraite. Une information est également apportée au conjoint du futur expatrié.

50 ans

Nouvel envoi d'un relevé de situation individuelle.

55 ans

À partir de 55 ans, puis tous les 5 ans, le relevé de situation individuelle est complété d'une estimation indicative globale . Celle-ci comporte le montant total et le montant de chacune des pensions susceptibles d'être versées à l'assuré.

Le montant estimatif de la retraite est calculé à différents âges clés :

  • à l'âge légal de départ à la retraite, âge à partir duquel le régime de retraite permet à l'assuré de partir à la retraite,
  • et à l'âge de départ au taux plein, à savoir l'âge à partir duquel l'assuré peut bénéficier d'une pension sans minoration (sans décote).

Reposant sur un certain nombre d'hypothèses, raisonnables, établies par le GIP Union Retraite (évolution de la carrière de l'assuré, de ses revenus, de la réglementation et de divers paramètres économiques comme le SMIC ou le plafond de la Sécurité sociale), l'estimation a seulement une valeur de renseignement. Elle ne représente en aucune façon un engagement de la caisse de retraite sur le montant qui sera effectivement servi lors de la liquidation des droits.

L'estimation indicative globale ne comporte pas la ou les pensions dont l'assuré a déjà obtenu la liquidation des droits, ou, en cas de retraite progressive, la liquidation provisoire des droits.

Remarque : cette estimation est effectuée quel que soit l'âge de l'assuré si celui-ci est engagé dans une procédure de divorce ou de séparation de corps.

C'est durant cette période proche de la retraite que l'assuré doit étudier avec intérêt les possibilités de départ anticipé pour les motifs suivants :

  • carrière professionnelle commencée très jeune,
  • activité pénible ayant entraîné une incapacité permanente au titre d'une maladie professionnelle ou d'un accident du travail,
  • handicap.

60 ans

Pour les assurés n'ayant pas liquidé leurs droits (anciennes générations ou départs anticipés, selon l'état actuel de la législation) : nouvel envoi d'un relevé de situation individuelle et d'une estimation indicative globale.

65 ans

Pour les assurés n'ayant pas liquidé leurs droits : nouvel envoi d'un relevé de situation individuelle et d'une estimation indicative globale.

Entre 4 et 6 mois
 avant le départ à la retraite

Le versement de la retraite n'est pas automatique, il faut en faire la demande. Afin d'éviter une interruption des revenus, il est donc préférable de s'y prendre à l'avance.

Pour les salariés affiliés au régime complémentaire ARRCO-AGIRC, la demande doit être effectuée 6 mois avant le départ projeté. Pour les autres régimes, le délai demandé pour procéder à une liquidation des droits est moins long  :

  • 4 mois pour la CNAV (régime de base des salariés du secteur privé),
  • 3 mois pour le régime de retraite des commerçants et des artisans,
  • 3 à 6 mois pour les caisses relevant du régime des professions libérales,
  • 4 à 6 mois pour la MSA.

À noter que les salariés du secteur privé, affiliés au régime général d'assurance vieillesse, bénéficient désormais d'un "droit opposable à la retraite" qui leur permet de bénéficier d'une garantie de versement de la retraite dès lors qu'une demande complète de liquidation de pension a été effectuée au moins 4 mois civils avant l'entrée en jouissance de la retraite.

Pour bénéficier de la garantie de versement, le dossier complet doit comporter la demande de liquidation des droits sur un formulaire spécifique, accompagnée des documents suivants :

  • justificatifs d'identité et de situation familiale (carte d'identité et livret de famille), justificatifs de nationalité pour les résidents nés à l'étranger et, le cas échéant, de séjour régulier,
  • relevé d'identité bancaire,
  • photocopie du dernier avis d'imposition,
  • documents relatifs à la cessation d'activité,
  • justificatifs de salaire de dernière année, et, le cas échéant, décomptes d'indemnités journalières des 2 dernières années et attestation de Pôle emploi pour la dernière année,
  • pièces nécessaires à l'étude du droit à certaines retraites, notamment pour les cas de départ anticipé autorisés.

Pour les assurés ayant été affiliés aux principaux régimes de base dits alignés, à savoir le régime général des salariés du secteur privé (CNAVTS), le régime de retraite de base des commerçants et des artisans et le régime des salariés agricoles (MSA), la demande de liquidation est désormais unique. Elle s'effectue auprès du dernier régime de cotisation, qui la transmet aux autres régimes concernés. Il revient à l'assuré d'effectuer, le cas échéant, la demande de liquidation des droits auprès de l'ARRCO-AGIRC et/ou auprès de l'une des caisses relevant du régime des professions libérales.

Pour les personnes assurées uniquement au régime social des indépendants (ex-RSI), la demande prend en compte la retraite de base et la partie complémentaire.

Pour les personnes affiliées uniquement au régime des professions libérales, il revient de faire la demande auprès de la caisse relevant de l'activité principale qui traitera autant la retraite de base que la partie complémentaire.

Pour les fonctionnaires, la demande doit être adressée au service du personnel du dernier emploi.

2 mois ou 1 mois
 avant le départ à la retraite

Le salarié est tenu de prévenir son employeur lorsqu'il souhaite prendre sa retraite. Sauf indication contraire dans le contrat de travail ou dans la convention collective, il doit respecter un préavis :

  • de 1 mois si l'ancienneté est comprise entre 6 mois et 2 ans (moins de 6 mois : délai contractuel ou conventionnel),
  • et de 2 mois au-delà.

Au moment du départ à la retraite

Le départ officiel à la retraite est le moment aussi pour débloquer les contrats d'épargne retraite (PERP) ou Madelin pour les indépendants.

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